La rénovation du Palais des Festivals de Cannes est en « marches »

© Photos Franck FOLLET / © Images de synthèse ALTO Ingénierie

 

 

Le projet

L’emblématique Palais des Festivals de Cannes est en pleine rénovation et vient d’engager un nouveau programme de travaux étalés sur trois étés.
Le chantier qui s’est ouvert le 1er juillet touche plusieurs espaces emblématiques : les célèbres marches, le grand Auditorium et ses halls d’accès, et c’’est Eiffage Construction qui a été choisi pour assurer le marché de conception et de réalisation. « Il s’agit, entre autres, de terminer la refonte du parvis, le chemin des étoiles, de refaire les marches, de rénover les bureaux des organisateurs, de créer une salle de 270 m2 et de rénover le Grand auditorium. Cette phase se déroulera l’été afin de ne pas perturber l’exploitation de la structure. », détaille David Lisnard, le président de la Semec (société d’économie mixte qui gère le centre de congrès cannois).
  • Mission d’ALTO Ingénierie : Maitre d’Oeuvre des équipements techniques et qualité environnementale. Réhabilitation
  • Maitre d’ouvrage : Ville de Cannes
  • Architecte(s): ARCHIDEV
  • Co-traitants : Eiffage Construction (Mandataire du groupement de Conception-Réalisation), Le transfo – Martin Ricci & Associés (coordination synthèse architecturale), Structure Riviera (Structure), Erg Geotechnique (Sol), PCA Sud Est (SSI), Crystal Sam (CVC), Pignatta (Electricité), Speeg & Associés (Eclairagiste), Capri Acoustique (Acousticien), Thierry Guignard (Scénographie).
  • Coût des travaux: 18 M€ HT
  • Début des travaux : 2013
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eric bourdilleau Eric BOURDILLEAU – Architecte, ARCHIDEV.

Eric peux-tu nous préciser les spécificités de ce projet ?

Premièrement, le contexte d’utilisation du Palais car il est utilisé tout le temps. Nous avons donc opté pour des travaux en 3 phases de 3 mois (juillet, août et septembre).

Ce sont des phases de travaux très courtes qui forcent à avoir un projet vraiment pragmatique qui puisse se concevoir rapidement. Cela sous-entend d’avoir anticipé la question : « Comment arrive-t-on à changer de façon radicale un bâtiment dans une session travaux de 3 mois ? »

Il y a eu un planning étude très court entre le concours, le début d’étude et le début du chantier. De janvier à  juin nous avons dû rendre l’APD et le PRO, puis faire une présentation des prototypes et passer les commandes pour un début de travaux fin juin… Il a fallu structurer la réflexion sur les étapes d’arrêt pour avoir un bâtiment présentable à chaque fin de session de travaux.

Deuxièmement, nous travaillons avec une Maitrise d’ouvrage très engagée, très qualifiée et qui parle le langage des techniciens : c’est une situation un peu atypique pour nous architectes.

Enfin, le mandataire est une entreprise alors que traditionnellement, c’est l’architecte. C’est plutôt une bonne chose, mais du coup, ils sont responsables de leur budget. L’architecte fait partie de la MOE mais nous avons des contraintes budgétaires qui sont différentes car elles doivent être validées par Eiffage qui a fait son chiffrage en amont. Il faut donc une bonne entente pour que ça avance, et c’est à l’architecte de rentrer dans le cadre.

Comment s’est déroulée la première tranche de travaux ?

Concernant la 1ère phase des travaux qui est achevée, il s’agissait de changer le revêtement des marches en marbre blanc (ce qui a été un peu compliqué à mettre en place au vu du  temps et du budget prévus), la mise en lumière du plafond lumineux au-dessus de celles-ci, rénover le foyer et mettre en place la préparation des phases 2 et 3.

L’ambiance intérieure du grand auditorium a été changée (il a été repeint en noir), le nez de balcon a été redessiné et il y a eu un « relamping » au niveau de la grande salle.

Un « relooking » a été fait sur les petites salles et nous avons travaillé sur la scénographie de 4 des petits auditoriums.

Il y a eu curetage des bureaux existants sous le foyer du grand auditorium pour les remettre à niveau d’un point de vue technique et architectural (changement du système de diffusion de l’air, refroidissement et chauffage).

Un gros  travail de préparation des travaux des phases 2 et 3 a été lancé, notamment au niveau de la verrière et sur le grand escalier du foyer : Mise en place de l’ossature structurelle et clos couvert. Par ailleurs, le travail sur la verrière va conditionner le travail ultérieur : il faut mettre en place et étanchéifier pour protéger ensuite tout ce qui sera fait dedans. C’est un vrai travail de méthode à mettre en place, un vrai défi pour toute l’équipe. Trois mois pour tout faire, cela parait délirant mais on doit le faire, et nous allons tout mettre en œuvre pour y arriver. Nous avons zéro marge de manœuvre, et une seule aide : un planning de livraison des travaux et une réelle anticipation.

Le mot de la fin à ce stade d’avancement du projet ?

Je dirai que chaque projet est unique : on repartirait surement différemment sur un projet comme cela. J’aurai aimé travailler plus en amont sur place. Quand on fait de la réhabilitation, il faut travailler plus sur des produits finis, laissant peu de marge d’erreur, rationnaliser le détail. Il faut s’adapter avec des produits plus malléables.

 

 

yvan lebellec Yvan LE BELLEC – Responsable du Pôle Synthèse – ALTO Ingénierie

Quelle a été la mission du Pôle Synthèse dans ce projet ?
Nous avons compilé et analysé les plans. La synthèse a dû se faire en même temps que la conception et un peu en même temps que la réalisation : très innovant comme méthodologie ! En mars il n’y avait rien de fait sur les études et les travaux ont débuté le 1er juillet, avec des études APD toutes phases rendues fin juillet et nous avons rendu le PRO de la phase 1 fin juin pour avancer les travaux dans la foulée.
En 3 mois, l’équipe a réalisé la refonte de 80% du foyer et a fait une préparation générale de la phase 2 qui comprend le dépôt de la verrière, l’installation de l’escalator : le bâtiment ne sera plus ni hors d’eau ni d’air pendant quelques temps ! C’est un énorme travail pour Eiffage. Côté technique cette 2nde phase sera plus light mais la structure va être mise à mal.
 
En quoi ce projet est-il différent des autres pour ALTO Ingénierie ?
C’est un projet atypique car nous sommes en conception réalisation. Par ailleurs, le mandataire étant Eiffage et non l’architecte comme dans un projet « standard », la gestion des responsabilités des entreprises intervenantes est compliquée car il n’y a pas de moyens de pression. Ceci étant, nous sommes dans le Sud, c’est une autre mentalité et tout se règle « à l’amiable » ! ALTO Ingénierie n’a pas vraiment de pouvoir de décision. Nous avons l’habitude de faire de la conception donc nous apportons notre expérience, surtout dans les premiers mois.
 
Un bilan de cette première phase ?
Je pense qu’il faut, pour les prochaines phases, plus caler les choses en amont et bien définir qui fait quoi. L’intérêt d’un tel projet, c’est le côté « speed » car réaliser en 6 mois ce qui a été fait, c’était inimaginable. C’est une vraie expérience. Par ailleurs, je pense que l’humain est primordial dans ce genre de projet : il faut vraiment beaucoup de diplomatie, de lien entre les études et les personnes. En interne chez ALTO Ingénierie nous avons 6 personnes mobilisées : Yoan sur les calculs thermiques, Julie en CVC, Cyril en électricité, Jean-Jacques en appui sur une mission complémentaire en électricité (il fallait quelqu’un sur place quasi quotidiennement), JPM chef de projet et moi sur la synthèse : belle mobilisation pour ce projet !