Nous avons fait un concours en interne pour deviner ce que pouvait bien contenir un gros sac à l’aspect peu attractif … Initiative d’Eric Escande, Ingénieur et Directeur de projets chez ALTO Ingénierie, fraichement diplômé d’un Brevet professionnel d’Exploitation Agricole, option Maraichage Biologique. Ce sac a en fait servi de support à la culture d’un champignon, la pleurote. Et c’est bien ce qui reste d’un marc de café, colonisé par « les racines » blanches du champignon (le mycélium) que nous avions en face de nous. Cela mérite de s’y intéresser de plus près …
L’entreprise UP CYLE cultive les pleurotes sur ce substrat dans les sous-sols de Rungis. Chaque semaine, elle utilise de l’ordre d’une tonne de marc qu’elle récupère dans les machines à café parisienne. Et elle évacue autant de ce substrat épuisé.
Eric, pourquoi avoir récupéré ce substrat épuisé ?
Ce substrat épuisé, s’il ne permet plus la culture de pleurote, est agronomiquement très intéressant. A l’état naturel, le mycélium est un élément essentiel du sol. L’enchevêtrement des filaments lui confère une structure mécanique qui lui permet de résister au lessivage des pluies ou à l’érosion des vents. D’un point de vue fonctionnel, ces champignons permettent de dégrader la biomasse en éléments nutritifs pour les plantes et secrètent même des antibiotiques.
Aujourd’hui, les terres cultivées de manière conventionnelles sont traitées, notamment avec des produits fongicides pour éviter que des champignons néfastes ne colonisent le blé par exemple. Malheureusement, ce traitement détruit également le mycélium du sol, le cycle naturel d’alimentation de la plante et la protection du sol qui « disparait » à raison de 250 tonnes/ha en Europe. En récupérant ce substrat et en l’intégrant dans le sol, l’objectif est de réensemencer le sol de mycélium pour faciliter la reprise de ce cycle et protéger ce sol.
Pourquoi l’as-tu « présenté » à ALTO Ingénierie ?
Je travaille depuis mon retour sur le sujet de la Ville Durable. L’appel à projet lancé par Anne Hidalgo « Réinventer Paris » nous a permis de présenter dans différentes équipes les principes métabolismes urbains que nous souhaitons développer. Derrière « Métabolisme », le travail consiste à recréer un cycle ‘naturel’ avec les écoproduits de la ville : l’énergie, l’eau, l’air, les déchets, la biomasse… L’exemple proposé par cette entreprise est une illustration très intéressante et intelligente de la création d’un cycle métabolique. Elle « débarrasse » les cafetiers de leur marc. Inutile pour eux, il permet dans une seconde vie de produire des champignons, et de nourrir. Dans une 3ème vie, ce marc peut amender et « retourner » à la terre pour démarrer un nouveau cycle. Au passage, ces sont plusieurs emplois de créés et le soutien d’un centre spécialisé dans l’insertion professionnelle. Bref, un bel exemple d’économie circulaire et solidaire.
Nous avons donc testé pour vous et …. Ça marche ! Belle récolte, il n’y a plus qu’à trouver une recette sympa.
En savoir plus : www.upcycle.org