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Notre petite éolienne de 18m Vs le PLU de Bussy-St-Martin… Qui aura le plus d’énergie ?!?
« (…) En attendant que les décisions administratives soient cohérentes avec les orientations de la politique énergétique de la France, nous considèrerons qu’il s’agit d’une installation démontable et provisoire… »
JP. Mouillot
BETC Pantin : Le point de vue de l’architecte. Entretien avec F. Jung Atelier JUNG Architecture
Frédéric JUNG, bonjour, présentez nous ce bâtiment. “Il s’agit de cet énorme paquebot des années 30 conçu pour être des magasins généraux où les céréales étaient stockés, historiquement pas fait pour les hommes, il n’abritait que des marchandises. Il faut maintenant apprivoiser son côté assez rude, son aspect “militaire”, “industriel”… Apprivoiser cette bête sans trop la ripoliner ni la rendre trop médiocre : il faut la rendre plus aimable à ses utilisateurs tout en conservant la force qui émane de cet endroit. Beaucoup de choses vont être effacées, comme par exemple la peau de tags, l’histoire récente va disparaitre. On en conservera quelques-uns dans le bâtiment pour préserver de petits signes de cette histoire. Ils seront photographiés, reproduits, puis probablement exposés ultérieurement. Mais l’histoire du tag ne doit pas être sacralisée, c’est une expression urbaine liée à une temporalité et il n’est pas question de le “surmontrer” du fait de son côté interdit.” Quel est l’objectif pour vous, en tant qu’architecte, sur un projet tel que celui-ci ? “Le but de cette réhabilitation est d’amadouer ce “paquebot” échoué, de faire travailler ensemble promoteur, investisseur et maîtrise d’ouvrage afin de permettre à BETC de travailler dans un environnement qui lui ressemble et qui l’accueille.”
Le projet urbain de la ZAC du Port, un projet de reconquête ? “Tous les terrains autour du projet constituent la ZAC du port. Il s’agit de reconquérir les bords du canal en préservant une belle histoire et de beaux vestiges tels que les Grands Moulins pour BNP. Il y a une véritable écriture de quai qui est encore présente, et qui reflète cette activité du Port de Paris. Le projet urbain mené par Eva Samuel s’appui sur l’Histoire du quai et du port. Elle pilote le réaménagement de la ZAC et a lancé les 1ers concours de logements (600). C’est une vraie reconquête qui s’est mise en route.”
En quoi ce bâtiment est-il atypique ? “L’opération dont on parle ici est hors gabarit, au delà du gabarit urbain, elle domine les toits de Pantin. Il y a des vues extraordinaires jusqu’à Paris, la Tour Eiffel ….C’est un espèce de panorama étonnant et sur de grandes emprises, bien au delà du Canal : la SNCF , le Grand Cimetière… La richesse paysagère est assez étonnante.”
Allez-vous conserver le bâtiment dans son intégralité ? “Il s’agit d’une réhabilitation avec des démolitions. A l’origine, nous sommes face à deux magasins généraux positionnés côte à côte. La partie centrale va être démontée car le remplissage n’a pas beaucoup d’intérêt. Le bas sera un socle mi-commercial mi-public, et les étages du haut seront organisés autour de grands patios ouverts sur des jardins intérieurs. Un des deux bâtiments aura son dernier niveau transformé en jardin. Nous allons conserver la structure et la volumétrie dans laquelle nous allons intégrer un jardin flottant, un jardin quasi volant finalement. C’est une restructuration lourde qui se met en marche. Il y a évidemment le souhait de s’inscrire dans une démarche de Développement Durable, pour laquelle ALTO Ingénierie est un acteur moteur. Les problèmes d’échanges entre l’intérieur et l’extérieur du bâtiment sont à prendre en considération : on veut garder le patrimoine industriel et à ce titre, l’intervention BBC devra jouer avec ces paramètres sans les nier : pas d’isolation par l’extérieur, art dissociation les dalles …. Etc. Notre travail avec Khephren Ingénierie et ALTO Ingénierie est donc de cibler au plus juste les interventions et le choix des matériaux pour des raisons évidemment financières. Le moindre choix a un impact lourd eu égard à la taille du bâtiment. L’écriture industrielle sera préservée, cet aspect un peu brutal qui fait partie du projet sera conservé, même si cela sera adoucit par les usages et la mise en forme du bâtiment qui fera apparaitre de nouveaux chassis, de nouvelles portes, des éléments contemporains moins radicaux.”
En quoi ce projet est-il différent de vos autres projets ? “Sa particularité vient de son gabarit de “maison pour éléphants”, de son côté “monstruosité”, “furoncle à abattre”… Mais les mentalités changent et les gens se rendent compte de cette architecture extrêmement rationnelle (d’ailleurs probablement dessinée sans architecte) : Majesté, force et puissance sont les expressions architecturales que l’on souhaite conserver dans ce bâtiment. Il s’agit bien de jongler sur une mémoire intéressante à exploiter et à vivifier, à maintenir, et il faut faire un tricotage avec les usages nouveaux et les expressions contemporaines. Nous allons nous appuyer sur les éléments architecturaux en place, et qui signifieront également un acte contemporain. Dans les reconversions successives que nous avons réalisées par ailleurs, nous avons travaillé de façon analogue : le patrimoine sur lequel nous nous greffons dégage des pérénités à partir de l’Histoire, toujours sensiblement différentes, mais constantes. Le choix de démolir ou de s’appuyer sur des éléments du patrimoine change selon les projets car ces elements sont chaque fois différents. Ici, il y a une problématique d’échelle par rapport au gigantisme. Il n’y a pas de place pour le faux semblant, pas de masque, nous sommes directement dans une architecture rationnelle : des entrepôts. Aucune considération esthétique n’est prise, et c’est de cette absence même de consideration esthétique que jaillit la force de ce projet. “
Quand prévoyez vous la livraison ? “La livraison est prévue pour fin 2015. Il reste un an d’études et d’instruction administrative car le PC sera forcément débattu, et deux ans de chantier.”
Ce projet s’inscrit dans la lignée de la réorganisation de la ZAC du port, le tout coordonné par Eva Samuel, comment travaillez vous ? “C’est un travail en coordination totale avec Eva Samuel. Les autres architectes n’ont pas été choisis, ils sont encore en phase concours, mais les équipes retenues sont de très bons niveaux, et des propositions très intéressantes pour le logement devraient arriver. Ce bâtiment est moteur pour la ZAC : sa conservation et sa réutilisation en font un des projets essentiels. Cela fait plus de trois ans que l’on travaille sur des faisabilités diverses, nous sommes enfin stabilisés et l’on dépose le PC en juillet. La phase contractuelle va commencer.”
Le mot de la fin pour décrire le projet ? “C’est l’histoire d’une rencontre entre ce pachiderme dont on va conserver l’enveloppe et son aspect, avec une intériorité, et des usages contemporains, en adéquation avec des possibilités d’enrichissement mutuels entre les usages et le maintien de cette force brutale sur le bord du quai. C’est ce tricotage qui est intéressant : conserver, non pas pour conserver, mais pour faire exploser la vitalité et la richesse que l’on trouve dans ces bâtiments qui peuvent trouver écho dans des usages tels que cette boite de pub qui se reconnait dans la figure qui apparaît dans ce bâtiment. C’est une reconnaissance mutuelle entre l’Histoire ancienne et l’Histoire à naître pour nous autres architectes qui ne sommes que des passeurs finalement… Comment ces deux histoires vont-elles s’emboiter ? Nous allons essayer d’écrire une transition intelligente et rationnelle.”
Frédéric, merci, et bon courage pour la suite de ce projet …